La stratégie d’un cactus pour se rafraîchir

Ariocarpus fissuratus. Photo © Gretchen B. North, Occidental College, Los Angeles
Ariocarpus fissuratus. Photo © Gretchen B. North, Occidental College, Los Angeles

Les cactus sont les végétaux qui vivent aux endroits les plus brûlants de la planète : les déserts chauds. Mais tous ne sont pas logés à la même enseigne : tandis que certains s’érigent à plusieurs dizaines de centimètres voire à plusieurs mètres, d’autres poussent à ras du sol. C’est le cas pour Ariocarpus fissuratus, qui doit se battre pour résister aux températures extrêmes du désert de Chihuahua, dans le sud-est du Texas. Le problème, c’est que l’air est beaucoup plus chaud près du sol que ne serait-ce qu’à quelques dizaines de centimètres !

La plante a une stratégie pour se prémunir de ces chaleurs intenables : s’enfoncer légèrement dans le sol, de façon à bénéficier de l’effet procuré par les cailloux alentours. Vous l’avez peut-être remarqué, en plein soleil, si vous soulevez un caillou ou une petite pierre, sa partie inférieure qui n’était pas exposée au soleil est plus fraîche et plus humide. Ariocarpus fissuratus en profite pour se rafraîchir.

En premier lieu, l’équipe scientifique américaine menée par le Dr. Gretchen B. North (Occidental College de Los Angeles) mesura des variations de l’aspect de la plante en surface et de la longueur des racines. Ces dernières semblaient en effet se comprimer. Ils émirent alors l’hypothèse que le cactus rétractait ses racines pour s’enclaver légèrement dans le sol afin de bénéficier de la fraîcheur des cailloux.

Une expérience, menée sur un toit à Los Angeles, la confirme l’efficacité des cactus

Plusieurs spécimens de Ariocarpus fissuratus sont plantés dans un mélange très sableux. Pour la moitié d’entre eux, des cailloux sont disposés à la surface, comme dans leur habitat d’origine. Plusieurs jours passent, pendant lesquels la température dépasse 37°C. Les résultats sont éloquents : tous ceux qui n’ont pas eu droit aux cailloux sont morts (pour la science…). Les scientifiques ont observé une température de 4°C moindre à l’intérieur des cactus ayant bénéficié de la fraîcheur rocailleuse… Une valeur qui peut sembler faible, mais c’est une grosse différence d’un point de vue biologique. Un exemple parlant : on ne se sent pas aussi bien à 36° qu’à 40° !

Malgré tout, les températures atteintes sont à la limite du mortel pour cette espèce, selon les scientifiques. C’est pourquoi un réchauffement même subtil du milieu naturel pourrait mettre l’espère en péril…